Guide complet sur l’empreinte carbone | C’est quoi, comment la calculer et la réduire ?

Ces dernières années, on entend très souvent les termes “empreinte carbone” ou “bilan carbone”, ils reviennent à toutes les sauces et dans tous les contextes.

Dans cet article nous commencerons par définir des termes importants pour la compréhension globale de cette thématique comme « GES », « effet de serre » ou « tonne équivalent carbone »

Ensuite nous entrerons dans le vif du sujet en décortiquant les concepts d’empreinte carbone, empreinte écologique et bilan carbone.

Puis nous vous présenterons différents calculateurs d’empreinte carbone et d’empreinte écologique ainsi que les résultats d’un membre de notre équipe.

Enfin nous vous proposerons des solutions concrètes et qui font la différence pour réduire votre impact sur l’environnement.

Empreinte carbone, bilan carbone et empreinte écologique… Comment s’y retrouver ?

Quelques définitions importantes

Ce sujet est un peu compliqué et utilise des termes particuliers. Restez avec nous pour un déchiffrage de tout ce jargon ! Si vous êtes familiers de ces questions, on se retrouve un peu plus bas.

Les gaz à effet de serre

Les gaz à effet de serre (ou GES) sont des gaz présents dans l’atmosphère et sont responsables de l’effet de serre. Par sa composition, l’atmosphère “retient”, en effet, plus ou moins de “chaleur” sur la surface de la planète et permet donc de “réguler” la température.

Une partie de l’énergie reçue par le soleil est directement réfléchie par l’atmosphère et les surfaces claires de la planète (par exemple, les banquises) et renvoyée dans l’espace : c’est l’albédo. Grâce à cela, il ne fait pas trop chaud et les UV sont filtrés. Le reste est absorbé par la surface de la planète. S’ensuivent ensuite des échanges de rayons infrarouges entre surface et atmosphère, et c’est grâce à cela qu’il ne fait pas trop froid non plus. Ces effets combinés de l'atmosphère permettent la vie sur Terre. Les GES, selon leurs concentrations, vont impacter la quantité d’infrarouges (et donc de chaleur) qui est renvoyée sur la surface de la planète, impactant ainsi la température.

Les principaux GES naturels sont (par ordre d’importance) : la vapeur d’eau ou H2O (produite par l’évaporation de l’eau), le dioxyde de carbone ou CO2 (provenant, entre autres, de la décomposition de matière organique et de la respiration des végétaux et des animaux), le méthane ou CH4 (issu de marécages et tourbières), le protoxyde d’azote (N2O) et l’ozone (O3). Les gaz à effet de serre sont donc présents naturellement dans l’atmosphère et sont essentiels à la survie des espèces.

C’est quoi le problème alors ? Le problème c’est que depuis la révolution industrielle, les activités humaines ont fait augmenter de manière exponentielle la concentration des GES dans l’atmosphère augmentant ainsi l’effet de serre et causant le réchauffement climatique [1] (on parle d’effet de serre « anthropique », qui s’ajoute à l’effet de serre naturel).

Quelles sont ces activités humaines qui font augmenter la concentration des GES ? Il est important de le savoir afin de pouvoir agir dessus ! Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a répondu à cette question pour nous. Leur analyse des émissions de GES par secteur économique nous révèle que l’un des principaux chevaux de bataille est l’énergie, et en particulier, les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel).

La combustion des énergies fossiles est par exemple responsable d’une très grande partie de nos émissions de CO2. Leur extraction, transport et utilisation est aussi la seconde source principale de méthane. Les énergies fossiles servent à tout un tas de choses, comme à la production d’électricité, de carburant ou encore au chauffage des bâtiments (chauffage au gaz). Ces ressources sont utilisées dans TOUS les autres secteurs (industries, transport, agriculture, services, logements...) qui relâchent eux même du CO2

Un second secteur sur lequel il faut agir de toute urgence : l’agriculture. C’est la source principale de méthane et de N2O. Ces émissions sont dues à l’élevage des animaux destinés au secteur alimentaire (viande mais aussi lait et produits dérivés tels que le fromage, les yaourts etc.), à la culture du riz qui nécessite l’inondation des terres, ainsi qu’à l’utilisation d’engrais azotés. Il faut ici préciser qu’en plus, les activités humaines impactent les puits naturels de GES (via la déforestation par exemple), réduisant ainsi la quantité de GES atmosphériques réabsorbée. Le serpent qui se mord la queue en somme. 

Ces deux secteurs sont responsables à eux seuls de 50% de nos émissions de GES (et la France ne fait pas exception à ce schéma). Viennent ensuite l’industrie et le transport.

L’industrie est en plus à l’origine d’émissions de GES dits « industriels », c’est-à-dire qui n’ont pas de sources naturelles, comme les halocarbures. Ces gaz sont émis lors de processus industriels comme la combustion de carburants fossiles, le traitement des eaux usées et beaucoup en en raison des fuites présentes dans les systèmes de refroidissement. Ils sont en effet utilisés dans tous les systèmes produisant du froid, de notre frigo/congélateur, à la climatisation de nos voitures et bâtiments, en passant par le refroidissement nécessaire aux data center dont nous vous parlions dans notre article sur la pollution numérique. Bien que le protocole de Montréal et l'amendement de Kigali prévoient une disparition future des CFC (responsables du "trou" de la couche d'ozone) et HFC (fort pouvoir de réchauffement global, on vous explique ci-dessous), ils sont encore largement émis et ont impact considérable sur le changement climatique.

Tonne équivalent CO2, kézako ?

Avant de vous parler de l’empreinte carbone, nous devons vous parler de l’unité principalement utilisée pour la quantifier : la tonne équivalent carbone.

En fait, “l’empreinte carbone” ne concerne pas que le carbone (et donc le CO2) mais bien tous les GES émis par diverses sources au sein d’un territoire. Mais pourquoi parle-t-on d’empreinte carbone si elle ne concerne pas que le carbone ? 

Les scientifiques ont choisi de se concentrer sur le CO2 car c’est le gaz le plus émis. On convertit donc les émissions de tous les autres GES en « équivalent CO2 ». C’est-à-dire, en la quantité de CO2 qui aurait le même impact climatique que la quantité de GES x ou y réellement émise. Dans cette conversion on prend en compte le pouvoir de réchauffement global (PRG) des différents gaz, qui dépend de leur durée de persistance dans l’atmosphère et de la quantité d’énergie qu’ils absorbent (et donc renvoient sur Terre sous forme de chaleur).

En effet, tous les GES ne réchauffent pas autant les uns que les autres : on estime par exemple que sur une période de 100 ans, l’émission d’une tonne de méthane aura des effets sur le changement climatique équivalents à ceux qu’aurait l’émission d’environ 25 tonnes de CO2 (1 tonne de méthane = 25 tonnes équivalent CO2, et 1 tonne de N2O = 300 tonnes équivalent CO2 !).

L’utilisation de la tonne équivalent CO2 permet donc d’avoir une unité unique et commune et de comparer les effets des différents GES.

Empreinte carbone : définition détaillée et comparaison entre pays

L’empreinte carbone c’est donc la quantité de GES émise par les activités humaines, exprimée en équivalent carbone (ou « eqCO2 », « CO2e », « CO2-eq »). Elle peut être calculée pour un individu, une entreprise, à l’échelle d’un pays, pour un objet ou pour tout ce que l’on veut ! Sa valeur finale va dépendre de ce que l’on considère dans le calcul.

Si l’on prend l’exemple d’un pays et la définition de l’INSEE, il faudra tenir compte des émissions directes des ménages (véhicules, chauffage des logements), des émissions de la production de biens et services (par exemple, industrie, agriculture, production d’électricité) et des émissions des biens et services importés.

Au niveau individuel, elle dépend du pays de l’habitant et des choix de ce pays en termes de production d’énergie mais aussi du mode de vie global de l’individu (on vous en dit plus ci-dessous).

Lorsque l’on raisonne à l’échelle d’un objet, on va pouvoir tenir compte de sa production (et ses matières premières), sa distribution, son utilisation et son recyclage ou son élimination : en bref, tout son cycle de vie.

On retrouve l’empreinte carbone sur les “étiquettes GES” (ou “étiquettes climat”) des logements, permettant de leur attribuer une note de A à G, qui est un indice d’émission de gaz à effet de serre. Elles sont accompagnées des étiquettes “classes énergétiques” qui nous renseignent sur la consommation en énergie du logement (ou de tout autre appareil électroménager ou véhicule vendu dans le commerce). 

L’empreinte carbone de la France (et des autres) …

Tous les pays ne sont pas autant émetteurs de GES les uns que les autres. Nous allons nous intéresser à l’empreinte carbone de la France en comparaison avec 9 autres pays/régions du monde parmi les plus émettrices de GES.

Sur le graphe ci-dessous on remarque que la Chine est en tête, suivie par les USA puis viennent ensuite les autres émetteurs principaux tels que l’Inde, la Russie ou l’Indonésie (le graphique a été créé grâce au site ClimateWatch, sur lequel vous pouvez aussi aller vous amuser à regarder les pays qui vous intéressent). La France ne semble pas faire partie des plus gros émetteurs…

Mais il faut, ici, faire marcher son esprit critique. Ces chiffres veulent-ils dire que la France s’en sort bien ? En réalité, ce n’est pas si simple. Décortiquons tout cela ensemble.

La Chine produit énormément de biens (produits informatiques et téléphonie, vêtements et autres objets “made in China”) qu’elle exporte. Ainsi, la consommation du reste du monde a un effet sur les émissions de GES en Chine ! Nous y compris, même si de prime abord “on ne s’en sort pas si mal”.  

C’est pour cette raison que l’empreinte carbone d’un pays doit tenir compte des importations. Sans cela, les pays comme la France, en délocalisant une grosse partie de leurs industries apparaîtraient faussement “verts”. Il en va de même pour l’électricité, la nourriture et tout un tas d’autres choses que l’on importe. De plus, tous les pays n’ont pas le même nombre d’habitants et ne font pas la même taille ! Il est logique qu’un pays dont la population représente 21 fois celle de la France, comme c’est le cas de la Chine, émette plus de GES.

Empreinte écologique : exemple et définition

L’empreinte écologique (ou empreinte environnementale) est un indicateur de l’effet des activités humaines sur la nature. Contrairement à l’empreinte carbone, elle n’est pas focalisée sur les GES et considère l’impact environnemental plus global en comparant d’une part “la demande” (les activités humaines) et d’autre part “l’offre” (la capacité de la Terre à produire des ressources, à absorber des déchets et à se régénérer : la biocapacité).

L’empreinte écologique tient compte de :

  • L’empreinte carbone (qui représente quand même les ¾ de l’empreinte écologique mondiale)
  • Des bâtis (routes, bâtiments), des zones de pêches (sauvages ou élevages, mer ou eau douce) et produits forestiers (bois de chauffe, pâte à papier et produits dérivés du bois)
  • L’impact des pâturages et cultures (nourriture humaine et animale, textiles)

Si on la représente par secteurs d’activités, on voit que, comme pour l’empreinte carbone, l’alimentation, les logements et les transports ont le plus d’impacts.

L’empreinte écologique est exprimée en hectares (et non en équivalent CO2) puisqu’elle mesure la superficie biologiquement productive nécessaire pour soutenir la consommation humaine.

AAinsi, pour subvenir aux besoins de l’humanité, la WWF (ONG “World Wide Fund for Nature”) estime qu’il faudrait la superficie de 1.6 Terres. C’est de là que vient le « jour du dépassement » de l’ONG Global Foodprint Network, qui nous donne le jour de l’année à partir duquel on a consommé toutes les ressources que la Terre pouvait produire en 1 an et que l’on vit donc en puisant dans les réserves (à crédit).

Comme le révèle la WWF dans son rapport “Planète vivante 2020”, l’empreinte écologique ne fait qu’augmenter au fil des années, tout comme l’empreinte carbone. Et comme pour cette dernière, vous pouvez calculer votre empreinte écologique personnelle.

Qu’est-ce que le bilan carbone ?

Le bilan carbone est une méthodologie de calcul développée par l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) en 2004 pour mesurer l’empreinte carbone d’une entité, par exemple, d’un individu (on parle alors de “bilan carbone personnel”) ou d’une entreprise.

Mais, bilan carbone et empreinte carbone sont-ils synonymes ? Oui et non.

  •  OUI : car le bilan carbone c’est le résultat du calcul d’une empreinte carbone, un bilan quoi,
  •  NON : car “Bilan Carbone ®” est aujourd’hui une marque déposée par l’Association Bilan Carbone.

En effet, c’est un outil destiné aux entreprises et organisations qui souhaitent mesurer leur empreinte carbone, et il tient compte du secteur d’activité de l’entreprise et de nombreux éléments pour rendre son bilan. Il est aujourd’hui très connu car il est devenu obligatoire pour de nombreuses entreprises.

Alors comment peut-on calculer son bilan carbone personnel ? Et son empreinte écologique ? On vous en dit plus maintenant !

On teste des calculateurs d’empreinte carbone et/ou écologique

Comment calculer son empreinte carbone ?

En utilisant un calculateur d’empreinte carbone ou de bilan carbone. Tout simplement ! Il en existe une ribambelle en ligne :

Ces outils sont gratuits, plus ou moins complets et assez longs à remplir. L’objectif est de passer en revue tous les postes de dépenses énergétiques sur une année puis de vous donner une approximation des émissions de gaz à effets de serre en lien avec votre mode de vie.

Par exemple un membre de l’équipe Projet Pangolin (moi…) a utilisé le calculateur de l’ADEME (nos gestes climat).

Résultat : Je produirais en moyenne 5 tonnes eqCO2 par an. C’est mieux que la moyenne des français qui se situe à 11 tonnes mais c’est LOIN de l’objectif des 2 tonnes qui doit être atteint si on veut rester sous la barre des 2°C (objectif maximal de réchauffement définit dans les accords de Paris, signés lors de la COP21).

D’après ma simulation, les postes énergétiques les plus couteux sont : l’alimentation, les transports et les services publics

Pourtant, je n’achète pas de viande et je mange très peu de produits d’origine animale. Je fais tous mes trajets maison-travail à pied et j’achète mes vêtements très majoritairement de seconde main. Mais j’ai encore des progrès à faire, je le reconnais. Néanmoins, il y a un poste sur lequel je n’ai aucune emprise : les services publics. On en discute plus loin.

Comment calculer son empreinte écologique ?

Avec un autre calculateur dédié, évidemment ! La liste d’options est nettement moins longue :

Comme vu plus haut, l’empreinte écologique tient compte de l’impact des émissions de GES mais aussi de la capacité de la Terre à produire et se régénérer. C’est une autre forme d’approximation et c’est donc intéressant de faire les deux pour avoir une vision plus globale des conséquences de notre mode de vie sur la planète.

Par exemple, j’ai utilisé le calculateur de la fondation WWF qui utilise des moyennes suisses.

Résultat : avec ce calculateur je produirais en moyenne 8.25 tonnes équivalent CO2 par an. Il me précise que « Si l’ensemble de la population mondiale vivait avec ce même mode de vie, nous aurions besoin de 1.89 planètes. Malheureusement, nous n’avons que celle-ci. » 

Oups, ici mon mode de vie fait sauter les compteurs. Mais pourquoi ?

Tout d’abord le calculateur de la WWF m’a posé des questions sur mes 5 dernières années et ça ne fait pas 5 ans que je fais autant d’efforts pour le climat. De plus, ce calculateur ne se base pas sur les mêmes mesures que les calculateurs d’empreintes carbone puisqu’il intègre en plus l’impact sur les écosystèmes. Il est donc normal d’observer des résultats différents.

Ceci dit, les deux résultats vont dans la même direction : je pollue trop.

Compenser ses émissions, une fausse bonne idée ?

À la fin de certains calculateurs, après vous avoir annoncé votre énorme estimation d’émissions d’équivalent CO2 par an, on vous propose ce qui ressemble à une solution miracle : compenser vos émissions carbones. Mais qu’est-ce que cela signifie ?

Si vous nous lisez depuis longtemps, votre esprit critique et votre flair à trucs louches devraient s’agiter. Et vous auriez bien raison.

Lorsque ces fondations vous proposent de « compenser » vos émissions en leur faisant un don proportionnel à votre impact écologique, cela ne vient pas l’annuler comme par enchantement. Si ce geste est une bonne chose puisqu’il participe à financer des projets qui soutiennent la préservation de la biodiversité (en replantant des arbres par exemple), il n’efface en EN AUCUN CAS les conséquences de votre impact de vie sur l’environnement.

GREENWASHING ALERT 🚨

Eh oui, compenser en plantant des arbres et continuer à consommer comme nous le faisons (ce pourquoi on a besoin de déforester notamment) est contradictoire... on se doute donc bien que l’on ne pourra pas faire les deux en même temps !

Ces propositions de compensation sont souvent du registre de l’hypothétique. Elles sont basées sur l’idée que ces forêts replantées vont effectivement absorber autant de CO2 que ce qui est émis.

De plus, si l’on déforeste en arrachant des forêts centenaires, on ne replante que des jeunes arbres. Or , une forêt de cent ans n’a pas la même capacité “puit de carbone” qu’une forêt composée d’arbres de 2 ans (et qui seront surement tous de la même essence… un autre point bien négatif).

S’ajoute à cela qu’on suppose que ces forêts puissent vivre assez longtemps (et ne pas bruler, ne pas être impactées par le réchauffement climatique qui abime les forêts que nous avons déjà), qu’il y aura assez de place sur Terre pour planter tous ces arbres (et que l’on n’aura pas besoin de détruire d’autres écosystèmes pour planter ces fameux arbres).

Souvent, ces propositions sont en fait du treewashing, qui fait écho au greenwashing dont on vous parlait ici.

Un autre point important sur la compensation carbone concerne les océans. Ces derniers sont des puits de carbone très importants, comme les forêts. Pourtant, le réchauffement climatique acidifie l’eau et réduit la capacité des océans à stocker du carbone. On pourra planter tous les arbres que l’on voudra, on ne corrigera l’acidité des océans qu’en réduisant nos émissions.

En bref, compenser ses émissions pour atteindre la neutralité carbone n’est pas possible. Planter des arbres et restaurer les écosystèmes (et puits de carbone) est absolument ESSENTIEL, mais la neutralité carbone ne pourra être atteinte que si l’on réduit en parallèle nos émissions.

L'importance des mots

Un des problèmes principaux ici est le choix du terme « compenser » car il porte à confusion. On peut facilement croire que ce n’est pas grave de prendre l’avion puisque l’on reverse 3,42€ pour « compenser » notre vol. L’utilisation de ce mot peut avoir l’effet pervers de nous déresponsabiliser dans nos choix, de nous faire croire que si l’on se paie des « crédits carbone » alors on n’a pas d’impact environnemental.

Les entreprises s’en servent pour nous faire croire que ce qu’elles nous vendent est « neutre en carbone ». Mais gardez bien en tête que ces options ne viennent pas effacer nos actes, les GES émis sont toujours émis. Si c’était si simple, ça ferait longtemps qu’on aurait résolu le problème du réchauffement climatique, vous vous en doutez bien.

Comment réduire son empreinte carbone ?

Souvent les résultats de ces calculateurs sont édifiants et on peut se sentir un peu désemparés. On ne se décourage pas pour autant ! On vous présente ici, les gestes les plus efficaces pour réduire son empreinte environnementale.

Les gestes du quotidien pour réduire son empreinte carbone

Pour la rédaction de cette partie nous nous sommes essentiellement basées sur un rapport de Carbone 4. N’hésitez pas à le consulter pour rentrer dans les détails.

L’illustration juste au-dessus synthétise ce qu’on a appris de ce rapport. L’étude a classé 10 gestes individuels classiques en fonction de leurs impacts sur notre empreinte carbone :

  1. Adopter un régime alimentaire végétarien
  2. Utiliser un vélo (non électrique) pour les trajets courts
  3. Covoiturer sur tous les autres trajets
  4. Ne plus prendre l’avion
  5. Acheter moins de vêtements neufs
  6. Manger local
  7. Diminuer la température moyenne dans son foyer (-20%)
  8. Électroménager et high-tech d’occasion
  9. Adopter une vie complètement zéro déchet (compostage par exemple)
  10. Équiper son logement d’un éclairage LED

Si vous souhaitez améliorer votre empreinte carbone directement et rapidement il faut miser sur les gestes en haut de ce classement.

À noter que :

  •  Le passage d’un régime contenant de la viande à un régime végétarien constitue une énorme diminution (10 % de baisse de l’empreinte avec cet unique geste).
  • Arrêter de prendre l’avion arrive après le covoiturage. En effet, la voiture reste très polluante et on a tendance à l’oublier. Pour un article dédié à ce sujet, cliquer ici.

Ensuite, si vous êtes propriétaires de logements, vous pouvez faire plus : en investissant dans la rénovation de vos propriétés. Rénover le bâti existant représente un des challenges majeurs à relever et permet de réduire fortement notre empreinte carbone. Si vous en avez les moyens, alors :

  • Isoler de manière plus efficace votre logement en changeant les fenêtres ou en isolant des combles
  • Remplacer sa chaudière fossile (gaz ou fioul) par une pompe à chaleur.

Des crédits d’impôts sont proposés pour inciter les particuliers à rénover leurs logements (plus d’infos ici).

Enfin, dans le rapport de Carbone 4, un dernier geste est proposé : le passage à la voiture électrique. Notre avis sur la question n’est pas tranché. Comme vous le savez, en prenant en compte toute la chaine de production et en ajoutant le fait que l’électricité n’est pas 100% décarbonée, ça complique le débat (si vous voulez en savoir plus, RDV ici). En ce qui concerne les transports donc, ce qu’on vous conseillera toujours c’est de privilégier le train au maximum.

Les gestes collectifs pour faire la différence

Le constat de ce rapport est que si on investissait tous pour rénover thermiquement nos logements au maximum, que l’on utilisait des voitures électriques et que l’on cumulait à la perfection tous les autres gestes que l’on vous a cité juste au-dessus, on aurait réduit nos émissions réelles de moitié. QUE DE MOITIÉ.

En effet, pour arriver à réaliser les objectifs de l’Accord de Paris (c’est à dire atteindre 2 tonnes d’émission équivalent CO2/an/personne), il faudrait (en plus de tout ce qu’on vient de citer) décarboner l’agriculture, l’industrie, les services publics, le fret de marchandises et les énergies. Autant de choses sur lesquelles on a, individuellement, qu’un pouvoir limité. Comment s’y prendre alors ? Penser collectif !

Tout ça donne un peu le vertige. Mais on ne se laisse pas abattre et qu’est-ce qu’on retient ?

1) Ce n’est pas entièrement de notre faute

Nous sommes victimes du système dans lequel nous évoluons. On ne peut pas faire changer le réseau de chauffage de l’immeuble que l’on habite juste parce qu’on l’a décidé, on ne peut pas arrêter de consommer certains outils technologiques car nos métiers en dépendent etc. Néanmoins, on peut choisir de prendre conscience de ses privilèges et essayer de réduire son impact autant que possible.

2) Nos gestes individuels comptent

Les pratiques éco-responsables individuelles ont un impact non-négligeable (n’en déplaise à ceux qui affirment le contraire). L’adoption de ces gestes quotidiens permet de réduire significativement son empreinte carbone (de 10% en adoptant un régime végétarien, on vous le rappelle). Ils sont nécessaires mais malheureusement, ils ne sont pas suffisants.

3) Il faut faire plus, il faut agir collectivement

La pollution liée aux activités humaines est systémique. Sans changement profond, au niveau des entreprises et à l’échelle étatique nous ne pourrons pas limiter nos émissions de GES et rester en dessous du seuil des 2°C.

En conclusion

Nous appartenons à l’espèce Homo sapiens. En tant que tel, nous sommes des individus sociaux capables de communiquer mais aussi de s’organiser autour d’un récit commun.

Aujourd’hui, au sein des démocraties (ahem des fois on se pose des questions mais bon.. au passage #darmaninDémission #ACAB) que nous habitons, nous avons un rôle à jouer. Pour pousser nos gouvernements à agir il ne suffit pas de râler dans nos salons. Il faut passer à l’action, concrètement. Il y a une infinité de formes de passage à l’action : en parler avec ses ami.e.s/familles, s’inscrire sur les listes électorales de sa municipalité et voter, créer des initiatives locales pour développer des solutions entre citoyens, organiser/participer à des manifestations etc.

Nous devons prendre nos responsabilités individuellement en agissant dans notre quotidien mais aussi de manière collective, main dans la main. Sans cette étroite collaboration, nous ne pourrons pas respecter les objectifs de l’Accord de Paris et notre avenir restera plus qu’incertain.

Pour aller plus loin

Si ces sujets et cet article vous ont intéressés, vous trouverez ici des pistes à creuser pour en apprendre plus sur le changement climatique et les impacts anthropiques. Par exemple, si l’on a beaucoup parlé ici des gaz à effet de serre, ce ne sont pas les seuls acteurs dans toute cette histoire. Les aérosols jouent aussi un rôle.

De la même manière, vous pouvez creuser les questions liées aux problèmes posés par la compensation carbone, en consultant entre autres cet article (et plus généralement le site) de « Bon Pote ». Ou en écoutant ce podcast.

Le podcast « Y’a le feu au lac » vous parle aussi des enjeux liés à la voiture électrique.


Temps de travail cumulé : 70h
Autrices : Élodie Portannier et Salomé Bourg
Illustration "À la une" : Vincent Lhuillier

Autres sources et références

[1] IPCC Fifth Assessment Report, 2014

[2] https://www.liberation.fr/apps/2018/09/empreinte-carbone/

[3] https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/poids_carbone-biens-equipement-201809-rapport.pdf

[4] https://data.footprintnetwork.org/#/

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